L'Actualité, no. Vol: 32 No: 9
1 juin 2007, p. 50
Nous, les Latinos du Québec
Plus de 60 000 latinos ont trouvé leur place au québec. Et leur musique, leur cuisine, leur culture séduisent les québécois. Histoire d'une intégration réussie.
Barlow, Julie
Depuis quelques années, à Mexico, l'organisme français qui fait la promotion de la culture et de la langue de l'Hexagone donne à ses cours un accent... du Québec ! " C'est une réponse à la demande ", dit le Français Yves Kerouas, directeur général adjoint de l'établissement, qui me reçoit dans l'immeuble de quatre étages en béton et en brique spécialement construit pour l'Alliance française dans le chic quartier de Polanco. " Les Mexicains sont attirés par la culture francophone, et particulièrement par le Québec. " Les séances d'information sur la vie et les coutumes québécoises qu'il donne aux candidats à l'immigration, en collaboration avec la délégation générale du Québec à Mexico, " sont toujours pleines ", dit-il.
L'Association hispanophone de Laval la première du genre au Québec a dû elle aussi s'adapter à la demande populaire. " À nos débuts, en 1994, nous offrions des cours d'espagnol aux enfants de la première génération d'immigrants. Puis, l'organisme est devenu un lieu de rencontre entre les hispanophones et le reste de la population lavalloise ", raconte son président et fondateur, Jaime Pinto, originaire du Chili. L'association organise des cours de danse et des sorties à la cabane à sucre, mais l'activité la plus courue est incontestablement l'intercambio (échange linguistique) du samedi matin. " Les Québécois se sentent latinos dans leur façon de parler, de sourire, de s'exprimer ", dit-il.
La communauté latino-américaine du Québec, forte de plus de 60 000 membres, est la deuxième en importance au pays, après celle de l'Ontario, selon Statistique Canada. Mais à en croire les personnes interviewées pour cet article, il faudrait plutôt parler de 100 000 Latino-Québécois.
Ce qui distingue réellement les Latinos du Québec de ceux du reste du Canada, c'est leur affinité avec la société d'accueil. Et l'attirance va dans les deux sens ! Festivals culturels, cours d'espagnol, restos mexicains et cours de tango, les Québécois semblent plus qu'intéressés par la culture des 21 pays situés au sud du Rio Grande : ils sont carrément interpellés par elle. Les Québécois se percevraient même comme les " Latinos du Nord ", selon Yuri Berger, originaire de l'Uruguay et directeur général de Festivalíssimo. Cette manifestation, créée à Montréal en 1995, est devenue le plus grand festival latino-américain au Canada.
Jusqu'à récemment, je regardais cette affinité réciproque d'un oeil anglo-canadien un peu sceptique. Un stéréotype de plus ?
J'ai mieux saisi le sens de ce lien lors d'un voyage d'immersion espagnole d'un mois à Puebla, la " Rome des Amériques ", au sud-est de Mexico. J'ai découvert que, malgré mes origines anglaises, ma maîtrise du français me conférait une sorte de carte de membre honoraire du grand club latino. Tandis que la vingtaine d'autres étudiants américains, unilingues, se débattaient avec une phonétique différente de la leur, je gobais tout à la vitesse grand V. J'ai même prononcé mes premiers mots en espagnol avec un accent... français ! Bref, en raison des similitudes entre ces deux langues, on est déjà moins gringo quand on est " franco ".
Il ne faut donc pas se surprendre si 90 % des immigrants latinos adoptent le français à leur arrivée au Québec, même si beaucoup sont d'abord surpris voire déçus de découvrir que ça ne se passe pas partout en anglais dans el Norte. " Au début, c'est un choc pour presque tout le monde. C'est une malédiction de ne pas parler français ici ", dit Fernando Ferrara, jeune prêtre hondurien de la mission Notre-Dame de la Guadeloupe, à Montréal. Il voit passer bon nombre des nouveaux arrivants d'Amérique latine.
" Ceux qui cherchent seulement l'argent vont à Toronto. Ceux qui restent sont ceux qui aiment le Québec. "
Tous ne s'installent pas à Montréal. Ils sont quelque 3 000 dans la région de Québec, 2 000 à Gatineau et 1 500 à Sherbrooke. Dans le petit village de Sainte-Clotilde-de-Beauce, l'arrivée massive d'immigrants en provenance de Colombie a même permis de rouvrir l'école primaire, fermée pendant un an ! (Voir " Resurrección à Sainte-Clotilde-de-Beauce ", L'actualité, 1er nov. 2005.)
Les Latino-Américains s'inscrivent de plus en plus dans le paysage québécois. Dans la région montréalaise, on peut désormais se faire soigner, se faire arracher une dent, acheter sa maison, déménager, changer de lunettes en espagnol. Dans le site Web Tu Guía Latina (ton guide latino), fondé il y a cinq ans, on peut trouver des bureaux de graphisme, des magasins d'informatique, des salons de beauté où l'on parle espagnol, bref, todo sobre el comercio latino y los profesionales latinos de Montreal !
La communauté a aussi ses associations de gens d'affaires, ses commerces et ses politiciens. L'ex-ministre péquiste Joseph (né José) Facal est originaire de Montevideo, en Uruguay, l'ancien député bloquiste Osvaldo Núñez, du Chili, le député libéral fédéral Pablo Rodriguez, de l'Argentine. La ville de Québec a son avenue Simon-Bolivar, du nom du grand libérateur du Venezuela. À Laval, on trouve la seule rue d'Amérique du Nord nommée en l'honneur de Salvador Allende, l'ex-président chilien renversé en 1973 à la suite d'un coup d'État parrainé par la CIA el otro 11 septembre, comme se plaisent à le rappeler de nombreux Latino-Américains !
Et l'intégration est plus profonde. Exemple emblématique : Williams Chacon, réfugié de la guerre civile au Salvador, débarqué au Québec à 11 ans avec toute sa famille. Il est aujourd'hui, à 35 ans, chef des cuisines et de l'approvisionnement de l'Institut de tourisme et d'hôtellerie du Québec. Sa marque distinctive est la fusion des traditions culinaires françaises et latino-américaines, aux arômes de coriandre, et plus particulièrement salvadoriennes : homard accompagné de mangue et de chayotte, soupe à la pêche et au lait de coco... Williams Chacon n'a pas l'impression de surprendre ses clients en combinant les deux cuisines : " Les Québécois connaissent de plus en plus de mets latino-américains. "
Le tourisme explique cette familiarité grandissante des Québécois comme des autres Canadiens avec les saveurs du Sud. À eux trois, la République dominicaine, Cuba et le Mexique attirent 508 700 visiteurs québécois par an, soit presque deux fois plus que la France (269 300). " Les gens voyagent beaucoup au Mexique. Au retour, ils veulent reproduire les recettes découvertes là-bas et viennent acheter nos produits ", dit Gloria Aguilar, native de Colombie et propriétaire du Mercado Sabor Latino, à Montréal.
Cette épicerie du boulevard Saint-Laurent, ouverte il y a 15 ans pour servir la communauté latino-américaine, attire aujourd'hui une clientèle diversifiée à souhait. Sur les étagères, outre les habituels produits pour tacos, on trouve des spécialités moins connues, comme le dulce de leche (sorte de tartinade à base de lait, très sucrée), le mole poblano (sauce à base de piments, de cacao amer et de deux douzaines d'autres ingrédients), les chipotles (piments qui donnent sa saveur particulière à la cuisine mexicaine) et autres churros (beignets sucrés longs et fins).
Au retour de leurs vacances en Amérique du Sud, de nombreux Québécois ne veulent pas perdre les quelques notions d'espagnol apprises sur place. " Aujourd'hui, bien des clients demandent à nos caissières de parler espagnol. Pas parce qu'ils sont hispanophones. Ce sont des francophones qui veulent pratiquer la langue ! " dit Gloria Aguilar.
Les atomes crochus entre les deux cultures cachent tout de même quelques épines qui font mal. D'immigration récente la première vague remonte au début des années 1970, la communauté latino-américaine est aux prises avec des problèmes semblables à ceux vécus avant elle par les Italiens, les Grecs et les Portugais, aujourd'hui bien intégrés. Préjugés, xénophobie, intolérance, précarité, chômage sont des épreuves qui attendent bon nombre de nouveaux arrivants, et les Latino-Américains n'y échappent pas. Mais ceux rencontrés pour ce reportage se sont rarement plaints d'être en butte au racisme.
Williams Chacon admet avoir eu bien du mal à son arrivée, en 1982, en plein blues postréférendaire. Comme beaucoup d'immigrants, son père, mécanicien au Salvador, a dû s'accommoder d'un emploi subalterne dans un hôtel de Montréal. Les trois enfants Chacon se sont retrouvés à l'école française, ce que Williams, qui ne parlait qu'espagnol, a vécu très difficilement. " Avant la vingtaine, je ressentais beaucoup les préjugés des Québécois envers nous, les Latinos. J'ai même songé à retourner au Salvador, dit-il. C'est par la cuisine que j'ai découvert que je pouvais toucher les gens, les connaître, leur parler, percer le mur. "
Comme bien d'autres immigrants " de couleur ", les Latinos éprouvent des difficultés à se faire embaucher par des Québécois (voir " Sommes-nous racistes ? ", L'actualité, 15 mai 2006). Le taux de chômage de cette communauté, 14 %, est presque le double de celui du Québec dans son ensemble quoiqu'il soit moindre que celui des Africains et des autochtones , malgré un taux de scolarisation supérieur à la moyenne québécoise !
" Certains "contacts culturels" peuvent créer plus de mythes que de véritable compréhension ", souligne Sergio Coutiño, originaire du Mexique et titulaire d'une maîtrise en administration des affaires (il a étudié aux universités de Montréal et McGill pour maîtriser à la fois le français et l'anglais). " Les Québécois en voyage voient surtout des plages et des hôtels, et ils s'imaginent que les Latinos font toujours la fête et n'aiment pas travailler. Pourtant, nous sommes instruits et travaillants ", dit-il. Dans son quartier, Notre-Dame-de-Grâce, il a lancé au printemps 2006 l'Association Québec-Mexique, dont le but est de " créer des contacts et exposer les Québécois à la vraie culture latino-américaine ".
Mais selon Ricardo Vela, informaticien d'origine péruvienne qui vit et travaille à Brossard depuis 14 ans, le problème tiendrait davantage à l'absence de réseaux qu'aux préjugés. " Les nouveaux arrivants n'ont pas de contacts établis dans leur domaine. " Ricardo Vela est membre de la Société culturelle péruvienne canadienne de la Rive-Sud, dont le mandat est d'aider les arrivants à se familiariser avec la société québécoise et à se bâtir un réseau. " Dès que les Québécois voient que nous travaillons bien, tout rentre dans l'ordre ", dit-il.
Pour Victor Ramos, professeur de sociologie à l'Université Laval, cette absence de réseaux rend l'intégration économique des immigrants latinos encore plus difficile à l'extérieur des grands centres. " Quand il n'y a pas de masse critique d'immigrants, il n'y a tout simplement pas de réseau de soutien assez fort. "
Contrairement aux Chinois, aux Haïtiens, aux Italiens et aux Portugais, les Latino-Américains se sont éparpillés sur toute l'île de Montréal. Leur voix très dispersée porte bien peu lors des élections. " Nous n'avons ni centre culturel ni banque latino-américaine. Nous sommes très peu visibles, politiquement parlant ", dit José Del Pozo, professeur d'histoire à l'Université du Québec à Montréal.
Il y a tout de même quelques exceptions. Par exemple, Laval, Brossard et Longueuil abritent chacune quelques milliers de Latinos. Cela s'explique aisément : ces immigrants sont très prompts à acheter des maisons, selon Victor Ramos, de l'Université Laval. Effectivement, 52 % des Latinos sont propriétaires, contre 62 % pour l'ensemble des Québécois. À Montréal, rue Bélanger, entre les rues Saint-Denis et Saint-Hubert, on trouve une petite concentration d'épiceries, de restaurants, d'agences de voyages, assortis d'un club vidéo et d'une librairie espagnole. Mais toutes les tentatives pour constituer un véritable quartier latino, comme il y a un quartier italien, ont échoué.
Même celles d'Hector Aguilar, arrivé de la Colombie en 1972. Il a fondé à Montréal une quasi-dynastie de commerçants latinos, qui s'est ramifiée vers Ottawa, Vancouver et Toronto. " Avec les Latinos, c'est chacun pour soi ", se plaint Gloria Aguilar, sa soeur cadette, propriétaire du Mercado Sabor Latino.
" Nous venons de 21 pays différents, avec des cultures très distinctes ", dit Roy Bardelas, travailleur communautaire à la Corporation culturelle latino-américaine de l'amitié (COCLA). Cet organisme, fondé il y a 22 ans, vient en aide aux nouveaux immigrants latinos de l'arrondissement de Saint-Laurent. " La seule chose qu'on partage réellement, c'est la langue espagnole. "
Bien des guerres ont ponctué l'histoire de l'Amérique latine, qui reste agitée malgré de très nombreuses tentatives d'unification. À l'intérieur d'un même groupe, des guerres civiles et des luttes de classes ou ethniques très dures compliquent le portrait. Les Sud-Américains, qui forment la première vague d'immigrants, sont beaucoup plus européens et beaucoup moins indiens ou noirs que ceux qui arrivent des Antilles, d'Amérique centrale et du Mexique, et qui subissent toute la palette de préjugés que le fait d'appartenir à une minorité visible suppose.
Pour Pablo Rodriguez, député libéral fédéral d'Honoré-Mercier, le caractère hétérogène de la communauté latino-américaine est une évidence. " Souvent, ce qui nous unit, c'est davantage l'époque de notre immigration ou les associations auxquelles on appartient que notre nationalité ", dit celui dont le père, avocat de gauche, a fui l'Argentine en 1974 pour s'établir avec sa famille à Sherbrooke.
Depuis 10 ans, les Latino-Québécois semblent surmonter leurs querelles intestines pour se construire une identité commune, " hispanique ", qui demeure cependant encore largement une vue de l'esprit. " Il y a 10 ans, les participants allaient voir les films de leur pays d'origine, même s'ils n'étaient pas bons. Maintenant, les gens viennent pour la qualité du film, peu importe où il est tourné et produit, dit Yuri Berger, directeur général de Festivalíssimo. Ils veulent voir du cinéma latino-américain, un point c'est tout. "
Outre la latinité, les hispanophones ont un autre point commun avec les francophones : ils sont fous de leur langue, et ils ne l'abandonnent pas aisément.
" Je remarque un changement d'habitude dans la communauté ", dit Antonio Ramos, directeur de la production de Chasqui, journal montréalais qui est le plus important hebdo de langue espagnole au Canada, avec un tirage de 25 000 exemplaires. " Nos premiers lecteurs étaient des immigrants récents. Maintenant, ce sont leurs enfants qui lisent le journal, pour garder le contact avec la culture latino-américaine et entretenir leur langue. " On veut vivre en espagnol à Montréal et ce mouvement forge progressivement une identité commune à ce groupe finalement assez artificiel que forment les Latinos.
Le Québec verra-t-il un jour l'espagnol devenir une langue officielle ? Sans doute pas. Mais le père Fernando Ferrara entend depuis peu des jeunes utiliser des expressions du genre " voy a magasiner " ou " vamos à la cabane à sucre ". Après le film Spanglish (titre qui est la contraction de Spanish et d'English), à quand Fragnol : Le film ?
Quatre vagues d'immigration
- La première vague remonte au début des années 1970. Elle a vu s'implanter les Sud-Américains, surtout des Chiliens, Péruviens, Argentins et Uruguayens. Relativement bien intégrés, ils se classent parmi les notables de la communauté latino-américaine au Québec, même si tous ne pratiquent pas leur métier d'origine. Ils profitent de grands réseaux d'organismes, de clubs, de publications en langue espagnole. " Ce groupe était très urbain, avec une forte proportion de médecins, de professeurs, de journalistes, contrairement aux immigrants de la décennie suivante ", dit José Del Pozo. Il est lui-même un cas type : fuyant la répression après le coup d'État chilien de 1973, il a trouvé un emploi comme enseignant à l'université en moins d'un an.
- L'intégration demeure encore difficile pour les immigrants de la deuxième vague, celle des années 1980, qui ont fui les guerres civiles en Amérique centrale. Les Salvadoriens constituent le plus grand groupe latino-américain au Québec environ 45 000 personnes, selon le consulat du Salvador. Non seulement ils venaient majoritairement des campagnes, ils étaient aussi plus métissés que leurs prédécesseurs et donc plus exposés au racisme. Quoique très présents et actifs dans la restauration, les Salvadoriens sont beaucoup plus effacés en tant que groupe que les Péruviens et les Chiliens, notamment, qui disposent de réseaux mieux organisés.
- La Colombie, qui a fourni un fort contingent d'immigrants dans les années 1990, est déchirée depuis 50 ans par une guerre civile. " Nous avons déjà vu assis à la même table pour un repas un ex-militaire colombien, un membre d'un groupe paramilitaire et un ex-rebelle ", raconte Yolanda Maradiago, directrice de la Corporation culturelle latino-américaine de l'amitié (COCLA). " En Colombie, ces gens s'entretuaient. "
- Les Mexicains, qui composent la quatrième grande vague, depuis 2000, sont en butte à d'autres difficultés, propres à leur arrivée très récente. Certes, l'ALENA leur donne le privilège de voyager sans visa. Ces immigrants mexicains sont issus de la classe moyenne et sont généralement instruits. Mais ils sont souvent assimilés à une autre catégorie de Mexicains : les travailleurs saisonniers, qui eux ne font que passer.
21 groupes d'immigrants latinos
- Pays d'origine : Argentine, Bolivie, Brésil, Chili, Colombie, Costa Rica, Cuba, Équateur, Guatemala, Haïti, Honduras, Mexique, Nicaragua, Panamá, Paraguay, Pérou, Porto Rico, République dominicaine, Salvador, Uruguay, Venezuela.
- Il y avait 175 000 trilingues français-anglais-espagnol en 2001, soit 75 % de plus qu'en 1991. Une progression surtout attribuable aux Québécois dont la langue maternelle est le français, selon l'Office québécois de la langue française.
- Plus de 230 000 Québécois parlent espagnol, la langue la plus populaire après le français et l'anglais.
- À compter de septembre 2007, les écoles du Québec offriront un programme optionnel d'espagnol en 3e secondaire. Déjà, 18 500 élèves des programmes internationaux apprennent une troisième langue, essentiellement l'espagnol, en 4e et 5e secondaire. Soit 40 % de plus qu'il y a cinq ans.
- À la Commission scolaire de Montréal, la moitié des enfants parlent une autre langue que le français à la maison, le plus souvent l'espagnol (6,8 %), suivi par l'anglais (5,4 %), l'arabe, le chinois et le créole.
La télé du nouveau monde
Lisa-Marie Gervais
Les Latino-Québécois ont maintenant une télé à leur image.
" Hola, ¿ qué tal ? Bienvenidos a Nuevo Mundo noticias. " C'est ainsi que Leonardo Gimeno, le nouveau " Bernard Derome latino ", ouvre le bulletin d'informations hebdomadaire de la chaîne de télévision Nuevo Mundo. Nouvelle venue parmi les chaînes payantes, NMtv (le " 269 ") s'impose, depuis le 13 mars, comme un point de rencontre pour les Latinos du Québec. Avec un contenu 100 % en espagnol.
" Il y avait déjà plusieurs chaînes latino-américaines dont les émissions étaient produites à l'étranger et diffusées au Canada. Mais rien encore ne se faisait au Québec en espagnol ", souligne l'initiatrice de NMtv, María Teresa Calderón. Il aura fallu trois ans pour qu'elle et une autre Vénézuélienne d'origine, ainsi qu'une Acadienne, réalisent leur rêve.
La chaîne payante présente notamment des dessins animés pour enfants, un talk-show, des émissions sur la mode et les finances, ainsi que les fameuses telenovelas (téléromans). L'émission Parada de autobus (arrêt d'autobus) propose des visites de lieux méconnus de Montréal, comme des bains publics ou des galeries consacrées à l'art latino-américain. La série Rumbo (direction), en cours de production, fera connaître le Québec des régions aux immigrants. Les hispanophiles pourront aussi suivre des cours d'espagnol à la télé.
NMtv compte à terme offrir du contenu canadien 24 heures sur 24, produit à 50 % par la chaîne. Pour le moment, elle diffuse chaque jour huit heures de contenu original. Petit budget oblige, certaines émissions sont pour l'instant tournées... dans le salon de la présidente de NMtv ! " J'ai aussi prêté ma cuisine pour La Lonchera, émission qui propose des recettes pour la boîte à lunch ", dit María Teresa Calderón.
NMtv veut divertir, mais aussi éduquer. Question de savoir que c'est à la SAAQ et non à la SAQ qu'il faut s'adresser pour obtenir son permis de conduire. Et que la Place des Arts n'est pas qu'une station de métro ! " Comme immigrant, on est analphabète sur le plan culturel autant que linguistique ", souligne María Teresa Calderón, arrivée au Québec il y a plus de 18 ans.
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Notre carnet d'adresses pour faire une virée latino-américaine sans quitter le Québec. www.lactualite.com/latino
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