martes, 18 de marzo de 2008

Notas de mi conferencia en el simposio sobre Interculturalismo en Québec

L'interculturel: théorie et pratique

17 mars, 2008

Interculturalisme 101: Théorie et pratique interculturelles


Victor Armony


Les termes qui désignent les modèles sociétaux d’intégration sont beaucoup plus que de simples étiquettes pour décrire le type de politiques gouvernementales mises en place à l’égard des immigrants et des minorités.
Des expressions comme « melting pot », « creuset des races » ou « multiculturalisme » condensent une certaine façon de concevoir l’unité et la différence dans une société. Au-delà des aspects concrets et spécifiques de chaque modèle d’intégration, les sociétés culturellement hétérogènes cherchent à représenter, à justifier et à distinguer leur approche.
C’est pourquoi, même s’il est difficile de dire en quoi le modèle « interculturel » du Québec est, dans la pratique, différent du modèle « multiculturel » du reste du Canada, nous devons le prendre comme point de départ pour le débat collectif au sujet de la gestion de la diversité culturelle dans la société québécoise.
Cela ne nous empêche pas pour autant de critiquer la justesse du terme lui-même, bien qu’il soit ardu d’en proposer un pour le remplacer. On peut dire, par exemple, que le mot « interculturalisme » laisse entendre, par la particule « inter », non seulement une interaction (ce qui ferait la différence vis-à-vis du « multi », qui peut suggérer la pure juxtaposition sans dénominateur commun), mais aussi des rapports établis sur un pied d’égalité. Ainsi, quand nous disons « dialogue interconfessionnel », nous ne présupposons pas qu’une religion donnée occuperait une place centrale et que les autres devraient se déployer en position périphérique.
Pourtant, au Québec, les cultures minoritaires doivent « converger » dans une culture publique commune. Certes, l’interculturalisme « officiel » appelle à « une compréhension mutuelle des différences culturelles » et à « l’échange intercommunautaire », mais l’idée d’un « pôle de convergence de l’identité collective » demeure un élément clef. Non seulement la langue française constitue le « foyer de convergence », mais l’on postule le devoir de participer à une « culture publique commune ». Dans les débats récents au sujet de l’identité québécoise, cette culture a été de plus en plus associée à une série de soi-disant « valeurs fondamentales ».
Bref, un premier constat : l’interculturalisme québécois n’en est pas un. Mais ce n’est pas grave! Le « melting pot » états-unien n’en est pas un, non plus. Comme je l’ai dis, ces expressions ont une visée symbolique qui déborde la seule description des faits. Ces métaphores ou ces néologismes révèlent le désir de combler un manque, de créer une nouvelle réalité, de promouvoir un projet de société.
Pour les analyser d’un point de vue sociologique, il faut s’interroger sur leur fonction, sur ce qu’elles mettent en relief et aussi sur ce qu’elles cachent. Je ne parle pas ici d’hypocrisie ou de mauvaise volonté de la part de ceux qui nous gouvernent. Je fais plutôt référence au fait que toute société s’auto-représente sous la meilleure lumière possible. (Je ne connais pas de pays démocratique qui se présente au monde comme le champion de la fermeture, de l’égoïsme ou de l’insouciance…)
Or, on sait bien que le Québec se trouve dans une situation particulièrement délicate. D’une part il doit affirmer l’héritage culturel de sa majorité d’origine canadienne-française tout en combattant les soupçons (généralement injustifiés selon moi) d’ethnicisme et de xénophobie qu’éveille auprès de bien des non-québécois son projet nationaliste. D’autre part, tout en déclarant sans cesse son caractère civique et ouvert à la diversité culturelle, le Québec doit mobiliser des ressources considérables pour restreindre le choix des immigrants et des membres des minorités en matière identitaire, notamment sur le plan linguistique.
Je ne porte pas ici de jugement de valeur à cet égard : je constate tout simplement qu’il est sociologiquement raisonnable de voir qu’une communauté cherche à maximiser ses chances de survie collective et que cette maximisation passe, au Québec, par l’objectif de contraindre le plus fortement possible les immigrants et les membres des minorités à adopter le français, à s’identifier à la culture de la majorité d’origine canadienne-française et à contribuer à la viabilité démographique du Québec.
Dans le contexte de ce rapport particulier de forces, la notion d’interculturalisme remplit une fonction idéologique : elle évoque l’idée d’un lien de solidarité, d’un échange constant et d’une reconnaissance mutuelle entre les divers groupes, plutôt qu’entre les individus, alors qu’elle tend à ne pas attirer l’attention sur l’existence d’une claire hiérarchie sociopolitique entre la culture de la majorité d’origine canadienne-française, étroitement associée aux institutions publiques communes, et les autres cultures. Du fait de sa fragilité relative (comme minorité dans le contexte nord-américain), cette culture prépondérante au Québec ne peut pas s’en remettre au « cours naturel » du processus d’acculturation, tel qu’il a lieu dans d’autres sociétés. Elle se doit d’être plus ouvertement interventionniste.
Mais la notion d’interculturalisme cherche également à insister sur le fait que la société québécoise est inclusive, mais non pas assimilationniste, diverse, mais non pas fragmentée. Comment ne pas être d’accord avec une telle proposition? Comment ne pas se féliciter du fait que la société québécoise – son opinion publique et ses élites – veuillent projeter cette image d’ouverture et de civisme? Il ne faut surtout pas négliger l’importance de ce type de rhétorique. Les Canadiens-anglais ont fait du multiculturalisme le noyau de leur identité nationale et sont fiers quand leurs leaders agissent en accord avec cet idéal. Cette disposition a des effets tout à fait concrets sur l’action gouvernementale.
Si les Québécois commencent à se définir de plus en plus comme une société « interculturelle », ils auront tendance à réagir positivement aux discours qui valorisent la diversité culturelle. Comme le débat récent sur les « accommodements raisonnables » l’a montré, nous avons encore devant nous un long chemin à parcourir avant que les Québécois soient véritablement à l’aise avec ceux qui sont différents parmi eux.
Ce serait donc souhaitable que l’idée d’interculturalisme, même avec ses limitations, devienne une composante inhérente à toute définition de la société québécoise.

5 comentarios:

Gus dijo...

Víctor, tu análisis lo encuentro muy pertinente y equilibrado, y, por qué no decirlo también, muy diplomático.

Tú ya conoces mi punto de vista respecto a una cuestión de "timing": el Quebec tiene siglos por forjar su identidad y el inmigrante de primera generación sólo unos pocos años...

Un abrazo y aprovecho a felicitarte por tu blog que aporta no solo información sino sobre todo ideas para el debate a la blogosfera.

Gustavo

Ricky dijo...

Y bueno Gustavo, si es una cuestion de timing vivamos mas años. No estara Highlander en esta lista ? Highlandeeeeerrrrr

;);););0

Gus dijo...

Víctor, alguna vez te recomendé el blog de "Casi en serio". Del mismo modo vale recomendarte un segundo blog llamado "Annecdotas" para que tengas a mano.

Resulta muy interesante su último post donde se debate la integración cultural de los inmigrantes a Canadá en función de sus OLORES. La gente ha expresado todo tipo de opiniones y me pareció que es un capítulo interesante para tu research. Vale aclarar que el tema es la reacción de los inmigrantes en relación a otros inmigrantes.

El post está en la siguiente dirección:

http://anne-montreal.blogspot.com/2008/03/el-precio.html

Ricky dijo...

Hola Victor, que opinas del discurso de la presidente ?

Victor Armony dijo...

Ricardo, justamente me pidieron de Diario Perfil una nota para comentar el discurso de Cristina Kirchner. Ahora lo pongo en el blog.